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Orioxy / album: The Other Strangers

image © Julie Brand
 
The Other Strangers
album 2012

Une musique onirique, envoûtante, à la croisée du jazz, de l'improvisation, des mélopées orientales et du rock. C'est la trame sonore tissée par Orioxy, quatuor genevois qui vernit son nouvel album, The Other Strangers, demain soir au Sud des Alpes à l'enseigne des «vendredis de l'ethno». 

Orioxy est né de la rencontre entre Yael Miller (chant) et Julie Campiche (harpe), noyau complété par Manu Hagmann (contrebasse) et Roland Merlinc (batterie). On mentionnera aussi Renaud Millet-Lacombe pour son travail de captation sonore tout en subtils contrastes, une patte experte dont ont bénéficié des artistes aussi éclectiques que Pierre Lautomne, Plaistow, Brico Jardin ou Raaga Trio. 

«Depuis Tales (premier album paru en 2010, ndlr), on sait ce qu'on veut et ce qu'on ne veut pas», analyse Yael Miller, dont l'origine israélienne se détecte dans le léger accent et l'emploi de l'hébreu aux côtés de l'anglais et du français au gré des morceaux. «On se rapproche du format chanson, mais avec de la recherche sonore et de l'improvisation.» Le groupe est soudé et cela s'entend. Les acquis jazz et classique sont là, mais Orioxy prend soin d'approcher sa musique de biais: ainsi Julie Campiche glisse-t-elle parfois des bouts de papier ou une écharpe dans les cordes de sa harpe, quand elle n'utilise pas des effets électroniques. Yael Miller, elle, compose au piano mais n'en joue pas dans Orioxy; elle approche le chant avec une grande liberté mélodique et rythmique. 

On se laisse embarquer dans le monde peuplé de visions nocturnes et de fantômes de The Other Strangers. «Je vois des esprits depuis toute petite, livre la chanteuse. Mais les étrangers dont on parle ne sont pas que métaphysiques, sur certains morceaux ils ont une connotation plus politique – c'est l'Autre, celui qu'on ne connaît pas. En dépit de deux écritures distinctes, ce fil rouge s'est imposé pour l'album.» 

A l'heure où vous lirez ces lignes, Orioxy sera en route pour Stuttgart. Le quatuor effectue sa plus grande tournée, mise sur pied par ses soins: après l'Allemagne et avant l'Autriche et la Pologne, les Genevois retrouveront le quartier autonome de Christiania à Copenhague. Un lieu dont ils gardent un souvenir intense lors d'un précédent passage: «C'était la folie, raconte Yael Miller. Le public, d'abord hyper attentif, a fini debout sur les tables. Après le concert, à deux heures du matin, le programmateur a tenu à nous offrir une chanson. Des musiciens ont débarqué de nulle part, et le type s'est mis à chanter comme Chet Baker! On a réalisé que c'était un chanteur de jazz expérimenté, qui menait sa propre carrière.» Christiania l'autogérée depuis quarante ans reste pleine de surprises. «C'est très désorganisé mais ça marche.» Orioxy, dont les membres enseignent la musique, espère capitaliser sur l'expérience et passer à la vitesse supérieure.


Roderic Mounir
Le Courrier / 15 nov. 2012

www.manusound.net