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Orioxy / album: Tales

image © Thomas Perrodin
 
Tales
album 2010

Le bonheur de chroniquer des disques ici et ailleurs, c'est de trouver parfois dans sa boîte aux lettres des disques "surprises", non sollicités, et qui se plaisent à perdurer un peu sur la platine et de nous faire découvrir de jeunes musiciens talentueux, d'ici ou d'ailleurs. 

J'ai reçu il y a quelques semaines le disque d'un quartet Israëlo-suisse, Orioxy et leur joli album intitulé "Tales". Orioxy, c'est avant tout le groupe de la chanteuse israélienne basée à Lausanne, Yael Miller et d'une harpiste suisse, Julie Campiche, auxquelles se joignent une base rythmique solide autant que discrète, le contrebassiste Manu Hagmann et le batteur Nelson Schaer. "Tales" est un joli disque plein d'atmosphère, jouant sur les codes du conte, et de ce fait empreint de mystère et de quelques ténèbres derrière le voile pastel de la voix de Miller ("Zaina", notamment, ou encore le morceau "Lost Feet", qui ouvre l'album et qui peut parfois nous faire penser à Mina Agossi...). Lost Feet est d'ailleurs le morceau le plus accrocheur de l'album, la douce mélodie susurrée en Yiddish se carambolant avec des cris qui emmènent le groupe dans un tout autre univers... 

On perçoit dans la musique de la chanteuse et de la harpiste qui signent toutes les deux les six morceaux de l'album, plusieurs influences, de la pop sucrée et décalée à des volutes de jazz comme des bulles de savon. On pense à Björk, parfois, bien sur, et notamment à l'album Vespertine et à sa collaboration avec la harpiste New-Yorkaise Zeena Parkins, notamment dans le morceau "Silent Memory" qui joue un décalage onirique avec la fragilité mélodique d'une cristalline boîte à musique, soutenu par la basse ronde et franche de Hagmann.Mais à la différence de Parkins, Campiche cherche plus l'immédiateté que sa glorieuse aînée New-yorkaise, travaille la frappe des cordes pour y chercher le rythme plus que d'utiliser les ressources émotionnelles de son instrument, cherche l'incarnation et la carnation plutôt que l'abstraction, sans pour autant que son jeu soit plaquée ou stéréotypé. C'est le jeu de masque quasi permanent avec le contrebassiste dans un morceau comme "The Child" qui aide à trouver cette consistance, l'imposant registre de la harpe permettant de se faire stentor insistant ou jouet aigrelet. 

La Harpe donne une vraie consistance et une vraie dimension à un projet tout empreint de chimères, parfois angoissante comme la solitude, parfois chaleureuse comme l'enfance dans laquelle le groupe a manifestement et durablement trouvé refuge. Orioxy est un premier album prometteur, avec de jeunes musiciens qu'il convient de suivre à la trace, surtout s'ils imposent durablement et avec autant de volonté une atmosphère tout à fait réjouissante et décalée.


Franpi
franpi.canalblog.com / 14 oct. 2010

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